"Depuis que le jour était levé, Valserine restait appuyée à la fenêtre, comme les matins où elle attendait le retour de son père. Elle savait bien qu’il ne viendrait pas ce matin-là ; mais elle ne pouvait s’empêcher de regarder le petit sentier, par où il arrivait en se courbant, quand il apportait ses paquets de marchandises, passées en contre-bande. Elle avait tant pleuré la veille, et aussi toute la nuit, qu’elle ne pouvait pas retenir les gros sursauts, se terminant par une toute petite plainte, que sa poitrine laissait maintenant échapper. Elle détourna brusquement les yeux du petit sentier, en entendant le pas d’un cheval, sur le rude chemin qui montait de la route à la maison. Elle se pencha avec inquiétude à la fenêtre, pour mieux écouter, et quand elle se fut bien assurée que le bruit se rapprochait, elle alla pousser le verrou de la porte et revint fermer tout doucement la fenêtre ; puis, elle attendit toute tremblante, derrière la vitre. Peu d’instants après, elle vit apparaître le cheval : il gravissait le chemin en tenant la tête baissée, et sa bride glissait et pendait d’un seul côté."