Extrait: Quand le 206e de ligne reçut l’ordre de venir tenir garnison à Douai, en 1862, il n’y eut qu’un cri dans le régiment pour déclarer vexatoire au premier chef la mesure ministérielle qui l’envoyait brusquement de la Provence en Flandre, du soleil dans le brouillard.
Il est vrai que si cette même mesure ministérielle avait dirigé le 206e sur Rennes, par exemple, il se fût plaint de ce séjour pluvieux, ou sur Tarascon, il eût protesté contre le pays du mistral.
Ce qui revient à dire que, règle générale, le militaire déplore sa nouvelle garnison, quitte à la regretter chaudement quand vient l’heure d’en partir.
Cette fois, au moins, les récriminations d’usage s’apaisèrent vite, Douai, avec ses facultés, sa cour, son théâtre, offrant, après tout, d’importantes supériorités sur Grasse, la petite ville embaumée, où l’on venait de passer un an.