Ami de Walter Scott, très apprécié des romantiques anglais Coleridge et Byron, Washington Irving va s'affirmer très vite, au début du XIXe siècle, comme un écrivain américain d'envergure nationale avec pour seul véritable rival, Fenimore Cooper. Bien avant sa mort d'ailleurs, son nom illustre déjà l'enseigne d'un hôtel new-yorkais et d'une compagnie de chemin de fer, et sa maison de style néo-gothique est devenue un lieu de pèlerinage ! Écrivain atypique, il joue un rôle d'avant-garde dans l'invention de ce genre très américain, le conte, dont Poe, son admirateur, s'arrogera bientôt la maîtrise d'œuvre. Tous les deux, Poe et lui, s'inscrivent de la même manière, comme à contre-courant, dans cette tradition gothique à la limite de l'horrible et du dérisoire. Les Contes d'un voyageur, publiés en 1824 constituent ce qu'on a voulu appeler le "sportive gothic" -gothique sur le monde ludique- où l'auteur apparaît maître du non-dit, du suspense, du mystère sans fond, du titillement des nerfs jusqu'à l'absurde.