Extrait : « ... si la Révolution nous a enlevé nos privilèges et même nos tètes, elle n'a pu nous enlever les bénéfices de ce que vous appelez, je crois, l'atavisme... c'est-à-dire, en vieux français, la qualité d'un sang qui s'est distillé et raffiné dans nos veines de génération en génération pendant cinq ou six cents ans... C'est ce sang-là, mon cher maître, qui se révolte, malgré nous, quand on le mélange avec du sang... plus jeune... plus pur peut-être, — mon Dieu je ne dis pas le contraire... — mais qui, enfin, n'est pas de la même essence ni du même azur... En conséquence, ce n'est pas l'usage aujourd'hui, plus qu'avant la Révolution, qu'une fille noble épouse un industriel... un savant... un écrivain... un artiste, fussent-ils du premier mérite... On voit peut-être quelquefois des femmes titrées épouser des poètes ou des artistes... mais ce sont des princesses étrangères!... En France, la chose est à peu près sans exemple... et n'allez pas supposer, mon cher monsieur Fabrice, que cette exclusion ait le moindre côté blessant pour ceux qui en sont l'objet... personne au monde n'aime et ne goûte plus que nous les poètes et les artistes... Nous en faisons avec le plus grand plaisir ornement de nos tables, l'intérêt et l'agrément de nos salons... mais nous ne les épousons pas!... »