Extrait:
"Socrate rencontre Ménexène, qui revient du sénat, où l’on devait choisir un orateur pour prononcer l’oraison funèbre des soldats morts dans l’année. Il y a bien des avantages, dit-il, à mourir à la guerre : on est loué par des personnages éminents, qui n’hésitent pas à attribuer toutes les qualités, vraies ou fausses, non seulement aux morts, mais encore aux vivants, et qui rehaussent leurs éloges de tous les prestiges de l’éloquence. Pour moi, en les entendant, je me sens grandir dans mon estime et je reste trois ou quatre jours dans cette illusion flatteuse. – Tu te moques toujours des orateurs, dit Ménexène ; et cependant ce n’est pas chose aisée de composer de tels discours, surtout de les improviser, comme ce sera le cas, l’orateur devant être désigné à la dernière minute. – Ces gens-là, réplique Socrate, ont des discours tout prêts, et d’ailleurs l’improvisation est facile en pareille matière. – Tu en serais capable, Socrate ? – Sans doute, car j’ai pour maîtresse d’éloquence Aspasie, et je lui ai justement entendu prononcer un discours qu’elle a composé pour la cérémonie dont tu parles."