Summary: On était à la fin de juin 1802. Six heures du soir avaient sonné sur la clochette de la petite chapelle du village de Lachine. Le soleil secouait ses gerbes d’or au front des grands érables qui miraient leurs têtes chevelues dans les ondes du Saint-Laurent ; la brise murmurait un hymne séraphique dans les rameaux touffus et ridait par ses baisers frémissants la face argentée du beau fleuve. Aux suaves harmonies du rossignol se mariaient le gazouillement du goglu et au bêlement lointain des troupeaux dispersés dans les vastes prairies ; mille exhalaisons parfumées embaumaient l’air ; toute la nature semblait enivrée d’amour et d’ambroisie.